Denis Messier a été 23 fois au MASTER…mais pas cette année malheureusement
Le journaliste à la retraite de La Tribune Denis Messier fut le 1er journaliste du Québec à couvrir le tournoi des maîtres, en 1997. Il fut également le journaliste québécois à arpenter les allées du club Augusta national le plus souvent, avec 23 éditions à son actif. la pandémie de la covid-19 a annulé la présentation du tournoi, en avril dernier. il nous relate ses plus beaux souvenirs de l’un des plus prestigieux tournois de golf au monde.
« Denis, est-ce que tu vas être au Masters cette année? »
Cette question, elle me fut posée plus d’une fois ces derniers temps, moi qui fut le témoin privilégié du Tournoi des Maîtres, le plus prestigieux de la planète, une première fois en 1997, et toutes les autres années jusqu’à ce jour.
La canicule d’automne que nous venons de vivre, je dois l’admettre, je l’échangerais fort bien pour une « badge » de la 84e classique. L’absence des fleurs, tout comme celle des amateurs — les « patrons » pour utiliser le terme d’Augusta —, ne me dérangeraient pas tant que ça.
La COVID-19 obligeant le report du Masters d’avril à novembre m’a coupé les jambes. Du même coup, cette pandémie à obligé les organisateurs, question de sécurité, à réduire le nombre de représentants de la presse sur le site.
Comme vous tous, chers lecteurs, j’ai commencé à vivre le Masters dans mon salon. On est bien loin du chalet d’Augusta et de son populaire sandwich Pimentos, de l’omelette du matin, et même parfois d’une succulente « pancake » servie par une jeune étudiante en hôtellerie que l’on taquine en français.
Non, regarder le Tournoi des Maîtres, en 2020, ça va se résumer au fromage de Coaticook, et à mes rôties et mon café, dans une tasse du Masters bien sûr, chaque matin.

Déçu, je le suis bien sûr, car mon livre de souvenirs doit s’arrêter là, après 23 années de couverture sur le terrain! Vous savez quoi, j’ai vécu des moments magiques en foulant les allées du club Augusta National, au fil des 23 dernières années, et aujourd’hui, on m’a demandé de vous en faire part.
Lors de ma longue carrière de plus de 50 ans à La Tribune, j’ai couvert plusieurs tournois de golf d’importance. J’ai vécu un Omnium Britannique (2005) à St-Andrews en plus d’un Omnium Canadien à Glenn Abbey et au Royal Montréal.
Mais je peux vous assurer que le fan de golf qui se présente au Masters est d’une autre classe. Connaisseur, bien sûr, discipliné, obéissant et respectueux des joueurs et du public l’entourant.
Un public d’un certain âge, on s’en doute. Ça m’a frappé, lors de mes premières années à Augusta. Une tendance qui s’est cependant inversée, au cours des dernières années, gracieuseté de tous ces jeunes golfeurs talentueux qui évoluent sur le circuit.
Woods et Palmer, tout en haut du tableau !
Favori de la foule en raison de son palmarès chez les amateurs, Tiger Woods s’est présenté sur les terres de Bobby Jones avec l’étiquette d’un champion en devenir, en 1997. Encore aujourd’hui, je m’en souviens très bien, il avait plutôt eu des difficultés, le Tiger, avec un premier neuf de 40, sur les allées d’Augusta.
Cela avait eu pour effet de « refroidir » ses milliers de fans. Mais ce fut de courte durée.
Deux heures plus tard, Tiger signe une carte de 32 pour ainsi ramener une carte de 72, soit la normale. Les inquiets sur le parcours sont rassurés.

Tiger a corrigé son tir et au bout des 72 trous, il a endossé un premier Veston vert, en l’emportant par un écart de 12 coups sur son plus proche rival. Une domination sans appel, qui allait du même coup marquer le départ de la Tiger Mania.
Je me rappelle surtour de l’étreinte entre Tiger et son père Earl, à l’issue du tournoi. Le moment était très intense émotivement. Earl n’aura probablement pas osé imaginer un moment semblable quand le jeune Tiger s’élançait en frappant des balles de golf, alors qu’il n’avait que deux ou trois ans.
On savait tous qu’un deuxième titre viendrait tôt ou tard pour Woods, à Augusta. Et c’est arrivé plus tôt que tard, soit en 2001, 2002 et 2005.
Mais je ne pouvais pas deviner à l’époque que ce même Tiger me ferait vivre en avril 2019 l’un de mes plus beaux souvenirs de mes présences à Augusta, en remportant son cinquième titre au Tournoi des Maîtres en carrière, soit un de moins que Jack Nicklaus.
Une victoire émotive, incroyable! Et, j’en suis persuadé, vous auriez partagé mes frissons, alors que j’étais situé au 18e trou.
Si Earl a enlacé son fils au terme de son premier titre, il fallait voir Charlie, le fils de Tiger, lui sauter dans les bras, à l’issue de son inattendue victoire en 2019.
Et, vous savez pourquoi, Tiger l’a dit plus d’une fois, l’objectif visé a toujours été de montrer à ses enfants que leur père était un champion.
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Ainsi, 24 ans après l’étreinte de son père Earl, Tiger a lui aussi été capable de serrer son fils Charlie et sa fille. Une image qui a fait le tour de la planète, et encore aujourd’hui, elle me trotte dans la tête.
En avril 2019, à l’âge de 43 ans, il réussit à Augusta l’exploit de remporter un 5e Master et son 15e titre majeur en carrière, onze ans après sa dernière victoire majeure. L’exploit était, et est encore aujourd’hui, incroyable.
Le roi Arnold
Le légendaire Arnold Palmer a marqué mes années à Augusta à plus d’une reprise. Mais je me rappelle deux tournois en particulier. Par-dessus tout, je me souviendrai toujours de son dernier tour de piste au Masters, un tournoi qu’il avait gagné à quatre reprises dans le passé.
Palmer a reçu une ovation monstre au départ du premier trou, et il en fut ainsi toute la journée. À la conclusion de chacun de ses coups, ses fans, dont le groupe « Arnold Army », se sont manifestés. Une journée épuisante pour le King, un gagnant de 95 tournois en carrière, dont deux à l’Open britannique.
Sa longue marche vers le 18e vert à la conclusion de sa ronde du vendredi demeure mémorable dans ma tête.

Au fil des années, j’ai été le témoin des derniers tours de piste de Jack Nicklaus, de Gary Player et de Tom Watson, trois autres légendes.
Mais le King Arnold Palmer a éclipsé tous ces grands joueurs. Et le comité du Masters a affiché toute sa classe lors de ce vendredi particulier, qui marquait la dernière présence active du grand Arnold Palmer.
Ainsi, les tableaux manuels sur lesquels le pointage de joueur, à chaque trou, est affiché, ont été retirés.
Palmer ne connaissait pas une très bonne deuxième ronde. Alors son pointage a été retiré, tout simplement!
Il a ainsi pu terminer sa dernière ronde sous les acclamations de la foule, sans que les regards des spectateurs ne soient accrochés par son pointage et sa journée difficile sur le parcours d’Augusta.

J’ai pu rencontrer Palmer de près. Toujours fort accueillant sur la terrasse du chalet d’Augusta, non loin du majestueux Oak Tree, Arnold était en train de signer des autographes.
Dès que je visite un terrain de golf, je m’arrange pour rapporter une carte de pointage du club en question. C’est ce que j’avais fait en visitant le terrain de Palmer à Latrobe, en Pennsylvanie, un site que j’avais visité en compagnie des confrères André Rousseau et Réal Labbé, en plus d’une visite du quartier général du King.
À la vue de la carte de pointage que j’ai déposé sous son nez pour qu’il puisse la signer, Palmer s’est tourné vers moi, et il ne m’a posé qu’une seule question : « Est-ce que vous avez été bien reçu à mon club de golf? » Notre réponse a été oui. Il s’est levé acceptant de prendre une photo en notre compagnie. Un vrai gentleman!Denis Messier a couvert les exploits des professionnels de la PGA à Augusta pendant 23 années consécutives, un record pour un journaliste québécois. photo : LA TRIBUNE, FRÉDÉRIC CÔTÉ
La cerise sur le sundae!
À trois reprises (1998, 2005, 2013), j’ai eu l’opportunité de jouer sur les allées du parcours d’Augusta National. Chaque année, le Club permet à une quarantaine de journalistes de jouer le terrain, le lundi suivant la présentation du tournoi.
Par contre, pas question de jouer le parcours et ses 7450 verges! Notre jalon était celui des membres, soit un parcours de 6300 verges, et nous en avons eu plein nos bottines!
La ronde de 1998, tout autant que celle de 2005, a été plaisante, mais celle de 2013 aura été la plus fascinante et je dirais peut-être la plus belle de mes 23 ans au club Augusta National et au Masters.

Également, jamais, avant 2013, il ne m’avait été possible de conduire ma voiture sur le chemin « Magnolia Lane » qui me mène au majestueux chalet.
C’est tout un moment que de parcourir ce chemin si prestigieux!
Et par la suite, j’ai été invité à visiter le Salon des Champions, un endroit réservé aux détenteurs d’un Veston vert.
Là-haut, un préposé m’attendait, m’invitant à déposer mes affaires dans le casier du légendaire Sam Snead. J’ai ensuite eu le feu vert pour la prise de photos dans ce mythique salon. Tout juste après, on m’a accompagné à l’immense champ de pratique qui borde le terrain, où j’ai mon caddie.
J’ai pris quelques élans, fait quelques coups roulés et c’était déjà le temps de la marche vers le tertre numéro 1.
J’ai finalement remis une carte de 95, ce qui est somme toute respectable pour ce vénérable terrain. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir réussi la normale sur les quatre trous à normale 3 du terrain.
En rafale…
Je me rappelle une petite marche avec l’architecte Tom Fazio, auteur des transformations sur le terrain d’Augusta, après la victoire par 12 coups de Tiger Woods, en 1997. Fazio a ajouté des arbres au 11e et au 15e et allongé le terrain de plus de 400 verges…
Je ne peux pas oublier le majestueux Oak Tree, non loin du chalet, qui est le lieu de prédilection des joueurs, agents, commanditaires et gens associés au golf. J’y ai croisé, entre autres, Gary Player. En lui disant que j’allais bientôt jouer à Myrtle Beach, en visitant son parcours (Blackmoore golf club), il m’a demandé de lui faire un rapport du terrain. En échange, il m’a donné sa casquette!

Je me rappelle aussi un souper en compagnie de Tom Watson au centre-ville d’Augusta, en compagnie de mes collèges André Rousseau et Réal Labbé. Ce fut très amusant. Watson était l’idole de l’ami André.

PHOTOS SOUVENIR de Denis Messier à AUGUSTA… présenté par l’Association régionale de golf des Cantons de l’Est en hommage à mr MULLIGAN




Source: Denis Messier – chroniqueur golf La Tribune